Système de gestion de contenu le plus populaire au monde, WordPress propulse aujourd’hui 43,1 % des sites sur la toile, selon une étude de W3Techs. L’engouement pour ce CMS open source créé en 2003 ne cesse de croître, passant d’un outil de blog à un véritable système polyvalent de création de sites. Retour sur son histoire.
En plus de 23 ans, il est devenu le système de gestion de contenu le plus utilisé dans le monde. Selon une étude de W3Techs, WordPress équipe 43,1 % des sites Web dans le monde, loin devant Joomla (1,8 %), Shopify et Wix arrivant juste derrière avec respectivement 4,1 % et 2,6 % des parts de marché. Un succès qui ne se dément pas. Cette part passe à 63 % pour WordPress lorsqu’il s’agit uniquement des sites Web équipés d’un CMS. L’époque où il n’était qu’un outil de blog sans grande prétention semble bel et bien révolue.
Début des années 2000, l’Île de beauté, ses paysages majestueux, ses calanques, ses maquis, les embruns et les senteurs d’eucalyptus… Dans ce décor féérique se dresse un homme, Michel Valdrighi, webmaster pour une association de sauvegarde de la langue corse. Trentenaire autodidacte formée sur le tas (comme beaucoup d’informaticiens de l’époque) à PHP et MySQL, il blogue sur la plateforme…Blogger. Curieux, passionné, il voit aussi les limitations de cette plateforme et lance b2/cafelog, un logiciel de publication de blog open source entièrement codé en PHP et dont les fondations dynamiques reposent sur une base de données MySQL.
Le terme b2 signifie Blog 2 et vient, comme il l’a souligné lors d’une conférence au WordCamp Paris 2011, de son « envie de créer son propre Blogger », mais également d’une de ses chansons favorites, « Song 2 » de Blur.
Progressivement, le projet prend de l’ampleur, de nouvelles idées jaillissent, les premiers contributeurs sont au rendez-vous. Parmi eux, Matt Mullenweg, un jeune saxophoniste américain répondant au pseudo de « saxmatt ».
Mais les débuts de b2/cafelog s’avèrent chaotiques malgré l’engouement suscité. De ces débuts en 2001, l’outil périclite en raison de problèmes personnels de son créateur, Michel Valdrighi qui disparaît complètement des radars de fin 2022 à début 2023. La frustration grandit, la plateforme semble prometteuse, mais laisser à l’abandon pendant quelques mois. Face à ces évènements, Matt Mullenweg décide de forker b2, c’est-à-dire de créer un nouveau logiciel à partir du code open source de b2. Rapidement, il met son plan en action et développe ce qui allait devenir WordPress. La première version, 0.7, est lancée officiellement le 27 mai 2003.
« WordPress est né du désir d’avoir un système personnel de publication élégant, bien architecturé, construit en PHP et MySQL et sous licence GPL »
Source : page consacrée à l’histoire de WordPress, site officiel.
Derrière cette version se cachent deux hommes :
WordPress 0.7 se voulait minimaliste à l’époque de sa sortie :
Quant à b2, le projet n’a pas avorté pour autant et poursuit sa vie encore aujourd’hui sous le nom de b2evolution (https://b2evolution.net/). Michel Valdrighi collaborera d’ailleurs au développement de WordPress jusqu’en 2005, en plus de celle de son outil.
Si b2 fait référence à Blogger et à un titre de musique du groupe rock Blur, WordPress tire son origine de Christine Selleck Tremoulet, une amie de Matt Mullenweg. Mullenweg souhaitait un nom en rapport avec la presse écrite et notamment l’imprimerie (Gutenberg entre autres, qui deviendra le nom de l’éditeur du CMS quelques années plus tard). Le blogging étant, au départ, sa principale raison d’être, le lien entre la presse écrite et l’activité de blogging était évidente, d’où le terme WordPress. À noter que la version 1.0 prendra le nom de Davis en référence à un célèbre jazzman (Miles Davis) ce qui augure une tradition. Toutes les autres versions majeures prendront le nom d’une ou d’un musicien par la suite, rappelant le métier de cœur de son fondateur et son amour pour le jazz.
Et parce qu’une fresque chronologique vaut mieux que mille mots, je vous laisse découvrir plus en avant l’histoire de WordPress ci-dessous.
Français vivant en Corse, Michel Valdrighi, alors trentenaire autodidacte formé sur PHP et MySQL lance b2/cafelog en 2001 en vue de contourner les limitations induites de Blogger. Le CMS existe encore aujourd’hui sous le nom de B2Evolution.
2001
Pour des raisons personnelles, le fondateur de b2/cafelog met en sourdine le développement de son CMS. L’américain Matt Mullenweg, saxophoniste de profession qui avait rejoint au tout début la communauté de développeurs b2, annonce un fork de b2 avec son ami informaticien Mike Little. « Matt Mullenweg et Mike Little vont lancer WordPress, la nouvelle branche de B2. Cette branche deviendra celle officielle après sa sortie », annonce à cette occasion Michel Valdrighi.
2002
WordPress est lancée en s’écartant volontairement du CMS d’origine b2. Elle comprenait, un moteur de texturage, un gestionnaire de liens, des modèles conformes au XHTML 1.1, une interface d’administration, la possibilité de réaliser des extraits manuels et de créer de nouveaux modèles.
27 mai 2003
Le 3 janvier 2004 marque un tournant pour WordPress qui devient un CMS à part entière. Surnommé Davis en référence au jazzman Miles Davis, elle intègre un système d’URLs (permaliens), supportes les catégories, dispose d’une gestion intelligente des mises à jour ainsi que d’un module d’installation depuis le navigateur…
Janvier 2004
Quelques mois après la sortie de sa première version, la 1.2 apporte un réel changement. Considérée par beaucoup comme l’une des plus importantes dans l’histoire de ce CMS, elle compte des nouveautés qui perdurent encore de nos jours : arrivée des extensions (avec Hello Dolly, la toute première), système de fonctions pour gérer les traductions, gestion des miniatures d’images (thumbnails), système de pings, cryptage des mots de passe, modération avancée des commentaires, etc.
Mai 2004
Fin 2004, le principal fondateur de WordPress, « saxmatt » rejoint la société CNET pour gérer leurs blogs. En parallèle, il poursuit le développement de WordPress. Il quittera cette entreprise l’année suivante.
Novembre 2004
Matt Mullenweg, alias « saxmatt », fonde Automattic, une société qui gérera, à terme, la plateforme de service en ligne WordPress.com. Automattic contribuera activement à la visibilité de ce CMS et à son développement.
Janvier 2005
La version 1.5 (Strayhorn) propulse WordPress à un autre niveau avec l’arrivée de thèmes et de pages statiques, ce qui le place définitivement dans la cour des CMS. Le premier thème par défaut – Kubrick – est lancé tandis que le CMS se dote d’un répertoire d’extensions permettant de mettre en relation les développeurs et les utilisateurs.
Février 2005
Première extension de taille disponible, Akismet est désormais intégré par défaut à toutes les installations de WordPress pour lutter contre les spams.
Novembre 2005
Baptisée « Duke », la version 2.0 de WordPress l’officialise pleinement comme outil de blogging phare. L’éditeur visuel TinyMCE est intégré nativement. Créé par Andy Skelton et l’équipe TinyMCE, cet éditeur open source permet d’écrire et de visualiser les changements en temps réel. Une véritable révolution en termes de création de contenu qui offre la possibilité de téléverser images, vidéos et fichiers.
Décembre 2005
Grande messe destinée à rassembler la communauté WordPress à travers le monde, à promouvoir et à aider les utilisateurs de ce CMS, le 1er WordCamp s’est tenu à San Francisco en août 2006.
Août 2006
La version 2.2 (Getz) apporte son lot de nouveautés avec, en particulier, l’introduction des widgets ainsi que de nombreuses améliorations (vérification des extensions avant leurs activations, ajout de phpMailer, etc.).
Mai 2007
La société Automattic acquiert Gravatar, une plateforme qui permet d’utiliser un seul et même profil pour un ensemble de services, et ce, à partir d’une unique adresse mail. Des structures comme WordPress, GitHub, Slack, OpenAI l’utilisent.
Octobre 2007
WordPress 2.7 (Coltrane) apporte une nouvelle interface d’administration tout en introduisant une mise à jour automatique. Parallèlement, c’est cette année que verra le jour le répertoire officiel de thèmes comptant actuellement 11 431 thèmes.
Décembre 2008
Avant de prendre le virage des années 2010, WordPress se dote de deux versions courant 2009. La première (2.8 – Baker) intègre un installateur de thème et optimisation en termes de vitesse de chargement. La deuxième (2.9 – Carmen) ajoute le format oEmbed qui permet, entre autres, d’intégrer du contenu issu des réseaux sociaux en copiant simplement le lien de la publication.
2009
Jusqu’alors cantonné, pour beaucoup, comme un outil de blogging, la version 3.0 « Thelonius » va changer la donne et faire passer WordPress à la vitesse supérieure, l’inscrivant comme véritable CMS. Il intègre désormais les custom post types (types de contenus personnalisés) permettant de concevoir des sites nettement plus complexes et plus dynamiques ! La gestion de plusieurs sites est également au menu tandis que le thème Twenty Ten fait son apparition.
Juin 2010
Gérant jusqu’à présent la marque WordPress, la société Automattic fondée à San Francisco par Matt Mullenweg à l’âge de 21 ans, passe le relais à la toute nouvelle Fondation WordPress créé par cette même personne. Cette organisation à but non lucratif est destinée à gérer l’évolution de WordPress dans le temps.
Septembre 2010
Particulièrement appréciée des utilisateurs, la version 3.1 (Reinhardt) propose alors une barre d’administration afin de faciliter la gestion et l’édition de votre site.
Février 2011
Afin d’appliquer les changements en temps réel sur l’aspect graphique d’un thème, WordPress 3.4 (Green) introduit un outil de personnalisation baptisé Customizer.
Juin 2012
La version 3.7 (Basie) de WordPress apporte les mises à jour automatiques pour la maintenance ainsi que les mises à jour de sécurité ainsi que différentes améliorations (optimisation du support linguistique, de l’installation automatique des fichiers de langues…).
Octobre 2013
La version 3.8 (Parker) dévoile une toute nouvelle interface d’administration. Un design moderne qui, grosso modo, se rapproche fortement de celui actuellement utilisé, dix ans plus tard !
Décembre 2013
Avec une communauté grandissante, Matt Mullenweg lance « Five for the future », un appel à la communauté à consacrer 5 % de son temps ou de ses ressources au développement de ce CMS : participation au cœur, traduction, support, création d’extensions, de thèmes, etc. Cette initiative concerne tant les sociétés que les organismes, freelances, agences, hébergeurs, particuliers…
Septembre 2014
Automattic fait l’acquisition de l’extension d’e-commerce bien connue, WooCommerce, lui permettant de poursuivre sa croissance tout en assurant une comptabilité fine pour WordPress.
Mai 2015
Ajout notable de la version 4.4 (Clifford) de WordPress, l’intégration de l’API REST nativement permettant de communiquer avec d’autres sites et applications.
Décembre 2015
La version mineure 4.9.6 de WordPress se met en conformité avec le Règlement général sur la protection des données (RGPD). Des fonctionnalités basiques comme la gestion de la politique de confidentialité, l’export et la suppression des données utilisateurs sont ajoutées.
Mai 2018
Après plusieurs mois de travail, la version 5.0 de WordPress sort. Une mouture majeure et controversée du fait de la refonte en profondeur de l’éditeur natif de WordPress. TinyMCE cède progressivement la place à Gutenberg, un nouveau système de gestion de contenus par blocs.
Décembre 2018
C’est une annonce d’ampleur. Des personnes de Google et d’autres entreprises (comme Yoast) proposent leurs aides au développement du cœur de WordPress. La principale proposition de Google sera d’ajouter nativement la fonctionnalité des Sitemaps, une proposition toujours en cours… À noter que Google n’est pas le groupe qui participe le plus à WordPress, tant s’en faut !
Juin 2019
Baptisé Eckstine, la version 5.5 donne de la puissance à WordPress à tous niveaux : vitesse, sécurité et recherche. Désormais, il est possible de choisir de mettre à jour automatiquement les extensions et les thèmes, de manière à ce que le site fonctionne avec un code à jour en permanence.
Août 2020
WordPress 5.7, « Esperanza » améliore l’éditeur de contenu Gutenberg et offre la possibilité de passer un site de HTTP à HTTPS en un clic.
Mars 2021
Gutenberg poursuit son développement et arrive à une certaine maturité avec l’édition complète de site (Full Site Editing ou FSE) dès la version 5.9 (Josephine). Cela permet de contrôler l’ensemble d’un site directement depuis l’interface d’administration de WordPress : création et édition du header, footer, des menus, modèles de pages… et ce, avec les blocs de l’éditeur de contenu Gutenberg. Seule condition, disposer d’un thème compatible. À noter que depuis sa version 5.8, WordPress prend en charge les images WebP nativement tandis que le support d’Internet Explorer est abandonné.
Janvier 2022